l'obésité : maladie chronique ou négligence ?

La maladie a du moins un avantage, elle nous fait connaître nos amis (Anatole France)

Le débat fait rage : la personne en situation d'obésité est-elle responsable, voire coupable, de son état ? Est-elle négligente, boulimique, paresseuse ? Ou bien est-elle confrontée à une maladie dont la science commence tout juste à comprendre certains mécanismes ? Une maladie métabolique chronique multifactorielle, inguérissable pour l'instant, que la médecine est impuissante à soigner, et que la chirurgie peut temporairement aider ? La question mérite d'être posée.
Un petit film réalisé dans le cadre des Journées européennes de l'obésité illustre bien les situations auxquelles sont confrontées les personnes obèses.

Depuis fin 2010, époque de la parution du rapport ANSES sur la dangerosité des régimes restrictifs, de nombreuses études scientifiques ont mis en exergue diverses causes potentielles ou avérées de l'obésité : inflammation du tissu adipeux, bactéries manquantes dans la flore intestinale, villosités excessives dans l'intestin grêle, salive, dysfonctionnement de la ghreline, qualité nutritionnelle très pauvre voire malsaine des produits alimentaires transformés, environnement, génétique, etc.
Les deux premiers facteurs cependant sont liés à notre société d'image et d'abondance. Depuis environ 50 ans, nous sommes devenus séentaires (à l'inverse de nos ancêtres préhistoriques les chasseurs-cueilleurs) et notre dépense énergétique de base a beaucoup baissé. En face de cela, l'industrie agro-alimentaire flatte notre palais en nous offrant des produits ultra-transformés vidés de leurs substances nutritives et saupoudrés d'additifs dont certains facteurs de prise de poids (acides gras trans, perturbateurs endocriniens, etc.). Sans parler des produits chimiques utilisés notamment dans la production agricole. Sur ce terrain, peuvent s'ajouter des épreuves de vie dont certaines peuvent provoquer des troubles du comportement alimentaire, un outil de survie, qui va entrainer un stockage des aliments qui vont se transformer en matière grasse dans notre corps. Si un certain seuil est dépassé, le retour en arrière sera très difficile, et notre société culpabalisante va augmenter les troubles par la stigmatisation.